vendredi 21 juin 2013

Quatrième étape : Les Estrets - Fineyrols

Le 11/05

Après une soirée comme celle d'hier, il est parfois un peu plus difficile de quitter un endroit. C'est le cas aujourd'hui pour moi. Mais comme le soleil est timidement présent au-dessus de ma tête, la route m’entraîne donc inévitablement vers des nouveaux horizons. L'avenir me dira que ce n'était qu'un coup de bluff de sa part, bien vite le ciel se rechargera, comme les jours précédents, de gros nuages gris. 



Dès la sortie des Estrets se trouve le pont au doux nom de "L'Estroit pont" qui enjambe la Truyère. De là et jusqu'à Aumont-Aubrac, le GR chemine sur les traces de l'ancienne voie romaine, la "Via Agroppa", qui allait de Javols à Clermont. Avant Aumont-Aubrac, même si les grands troupeaux ne sont pas encore dans les prairies à cause du mauvais temps, c'est là que je commencerai à voir la célèbre race bovine d'Aubrac. 
Quand à l'Aubrac même, elle est considérée comme étant la région la plus froide et la moins peuplée de France. En effet, j'aurai bien souvent l'occasion de traverser de grandes étendues inhabitées aux horizons infinis et sous des température presque hivernales. Sa réputation n'est en aucun cas usurpée.




Mais n'allons pas trop vite puisque pour le moment, je suis toujours à la sortie des Estrets. Avant d'arriver sur les hauts plateaux, il me faut encore traverser des forêts de pins et de sapins qui sont déjà bordées de quelques prairies.




Quelques villages et quelques prairies plus loin se trouve le lieu-dit des quatre bras ainsi que le boui-boui de Régine, non pas la chanteuse, mais bien "le monument du coin". Hélas, cette petite cambuse est devenue au fil des années, un endroit où il est devenu difficile d'y déposer son sac. J'ai d'ailleurs appris par des locaux que Régine était surnommée la Piaf de l'Aubrac !! Cela m'a amusé d'apprendre son qualificatif mais lorsque l'on regarde cette brave dame, il faut bien avouer que la comparaison est frappante.
Après avoir pris une collation, je continue donc mon chemin jusqu'à Finezrols afin de passer une meilleure nuit que je ne l'aurais fait aux quatre bras. 







Le soir à l'auberge "LesGentianes" de Fineyrols, en compagnie de Dominique et de sa femme et d'autres Jacquets, nous dégusterons un très bon l'Aligot, grande spécialité de la région.
La soirée sera comme celle de la veille, haute en couleur !
J'y retrouverai aussi Greg, Paul & Co, qui eux dormiront cette fois, non plus dans leur tente, mais bien dans une grange entourée de gros ballots de paille, à cause du froid et de l'humidité. Décidément, la météo ne s'arrange toujours pas.

Troisième étape : La Clauze - Les Estrets

Le 10/05

Une nouvelle nuit pluvieuse. Pour mon malheur, je n'étais pas cette fois dans un gîte, mais bien sous ma tente à la merci d'un vent violent et d'une pluie battante. Autant vous dire que j'ai passé une nuit exécrable. Tant et si bien que j'ai décidé que, tant que la météo ne serait pas au beau fixe, je dormirais uniquement dans les gîtes. 


Il n'est seulement que 6h30, mais je quitte cet endroit, avec un certain soulagement. J'aimerais trouver un endroit pour être un peu au sec et boire un bon café. J'arrive très vite dans le hameau de La Clauze au refuge du pèlerin pour faire tamponner mon créancial. Ce que le propriétaire fait avec plaisir, mais il est encore trop tôt pour qu'il m'offre un café chaud. Je continue mon chemin jusqu'au prochain hameau. Là, j'ai plus de chance car tous les pèlerins sont occupés à prendre leur petit déjeuner. A la table, je revois Greg. Il n'a pas la tête des bons jours car il s'est levé ce matin avec un problème à la jambe et il y a des fortes chances que cela soit une tendinite. Comme il est réticent à prendre des médicaments anti-inflammatoires, le voilà forcé à s’en remettre exclusivement aux crèmes traditionnelles. Il espère pouvoir aller ainsi le plus loin possible. C'est ce que je lui souhaite aussi.
Mon grand café crème est à peine vide, que j'en reprends immédiatement un deuxième que je sucre encore un peu plus que le premier. Puis je vais jusque chez mes trois compères pour leur souhaiter bonne route et leur dire à bientôt.


   

Avec cette météo nettement trop pluvieuse pour un mois de mai, je profite de l'occasion pour faire des photos de cette ambiance particulière qui s'offre à moi aux premières heures du jour. Il faut bien tirer profit de l'aubaine de ce climat pourri !!! 




Rassurez-vous, malgré cela, mon moral reste intact. Il serait d'ailleurs difficile d'en être autrement, car il règne sur ce GR 65 une atmosphère tellement conviviale, cela aussi bien entre les pèlerins que chez les locaux. Je tiens tout naturellement à remercier ici tous ces locaux anonymes qui nous accueillent et nous encouragent si chaleureusement. 


Il m'est d'ailleurs impossible de trouver les mots exacts pour vous décrire ce je ressens. Mais une chose est certaine, je reviendrai faire ces chemins avec ma petite femme afin qu'elle puisse à son tour connaitre ça.




Aujourd'hui, ce sont les décors au cœur de la Margeride qui s'inscrivent au programme. La journée sera particulièrement longue, puisque l'étape se fera dans le hameau Les Estrets, soit à 32 km d'ici.

 Peu avant Sauvage, les pèlerins de passage découvrent "L'Hospitalet" un ancien domaine des Templiers. Ce sont les mêmes bâtiments qui accueillaient les Jacquets au Moyen Age. Moi je ne rentrerai dans cet ancien hôpital que pour remplir ma gourde.




En chemin,  je passe devant la fontaine et la chapelle Saint Roch au col de la Margeride. Au revoir le  département de la Haute-Loire, bonjour la Lozère.

Et Compostelle est toujours aussi loin !


Avec bonheur, il ne me reste que quatre km pour rejoindre mon gîte d'étape "Le Gévaudan". J'aurais pu poser mon sac à Saint Alban sur Limagnole, mais comme on m'a dit le plus grand bien du gîte qui se trouve au village des Estrets, j'ai donc préféré continuer ma route jusque là. Bien m'en à pris, car j'y ai retrouvé Jef et j'ai fait la rencontre de Dominique et de sa femme. Nous passerons effectivement une très belle soirée. Le programme de demain est un peu moins long que celui d'aujourd'hui, puisque je n'aurai que 23 km à faire avant de rejoindre l'auberge "Les Gentianes" à Fineyrols dans l'Aubrac.