vendredi 19 juillet 2013

Onzième étape : Saint Roch - Figeac

Le 18/05

Ce matin, c'est un véritable déluge qui s'abat sur le petit village de Saint Roch. Une fois de plus, je suis perplexe à prendre la route dans de telles conditions. Sans trop savoir que faire, je décide de ne rien décider et j'attends sagement chez Brigitte qu'une éclaircie hypothétique intervienne. Après tout, l'adresse est bonne, pourquoi dès lors se presser !!

Petit à petit, le déluge s'est transformé en averse puis en crachin et maintenant voilà le soleil qui fait son possible pour percer la couche de nuages encore bien présents.
Dans le gîte, il n'y a plus que Madeleine et moi. Les autres, Jef et les deux canadiennes sont déjà partis sur Figeac.
Peu avant dix heures, je ferai de même, mais je ne veux pas partir sans faire quelques photos de l'église Saint Roch.


 En avant pour effectuer les vingt-cinq kilomètres qui me séparent de Figeac.



Sur les hauteurs de Livinhac, la pluie reprend de plus belle. Quelque chose me dit que la journée ne sera pas facile. Mon intuition sera bonne, je serai mouillé jusqu'aux os  !

Dans ces conditions, il ne me restera qu'à ranger mon appareil photos si je ne veux pas qu'il se transforme en aquarium. Je rappelle quand même que nous sommes le 18 mai et qu'aux infos de ce matin, le journaliste prévenait les pèlerins qui se dirigeaient vers le massif pyrénéen de rester dans la vallée car Burguette était sous la neige !

Peu avant la chapelle de Guirande, le ciel se dégage à nouveau un petit peu, mais le mal est fait, les douleurs dans la jambe ont recommencé de plus belle.
Le temps de visiter cette petite chapelle fort sympathique .................




 ..............et je décide d'en rester là pour aujourd'hui, et de m'installer le long de la route pour faire du stop jusqu'à Figeac. 



Arrivé à Figeac, je revois Paul et Jane qui m'annoncent l'abandon de l'ami Greg qui est rentré en train sur le Puy pour reprendre son camion et rentrer chez lui. Salut l'ami Greg, nous avons passé de sacrés bons moments ensemble. Si un jour tu lis ces lignes, j'aimerais que tu me fasses un petit signe sur ces pages ou par mail. Ce message est aussi valable pour tous ceux que j'ai eu la chance de rencontrer tout au long du chemin vers Compostelle. Je ne peux hélas pas tous les citer, car contrairement à Dominique (un autre pèlerin), je n'ai hélas pas le don de mémorisation de tous les prénoms des pèlerins rencontrés, mais je peux affirmer que toutes ces rencontres furent toujours très agréables.

Ceci dit, je me retrouve maintenant dans le gîte des sœurs carmélites de Figeac. Le gîte est tenu par deux bénévoles, puisque dans cet ordre, les sœurs n'ont aucun contact avec l'extérieur, si ce n'est la mère supérieure.

Les nouvelles sur le chemin vont vite et au repas du soir, je reçois un coup de téléphone de Jef qui me propose, afin de soulager ma tendinite, de prendre une journée de repos et d'aller passer une journée à Rocamadour. Il y a un train qui part demain matin à 7h et un autre qui rentre vers les 18h30. J'accepte la proposition avec beaucoup d’enthousiasme, car je me rends compte que j'ai de plus en plus difficile et qu'un break d'une journée ne peut me faire que du bien.
C'est donc comme ça que je me retrouverai demain à Rocamadour. Ce n'était pas prévu, mais est-ce que tout doit être prévu dans la vie ?!

mercredi 17 juillet 2013

Dixième étape : Conques - Saint Roch

Le 17/05

Jane, Paul et Greg ont déjà repris la route. Moi je vais encore faire un petit tour dans le village à mon aise afin de chauffer ma jambe au maximum. Je ne peux pas dire que le problème s'aggrave,  mais hélas, je ne peux pas non plus dire que cela va mieux. Il est évident, qu'au matin, je ressens moins les douleurs, mais elles ont toujours tendance à revenir vers les 14h, 
Jef qui a un humour caustique mais amical, m'a d'ailleurs demandé pourquoi je ne partais pas plus tôt !!!!

Une nouvelle fois, je franchis le pont qui enjambe la Dourdou pour monter directement vers la chapelle Sainte Foy culminant trois cents mètres plus haut. La montée est pénible, mais l'effort est récompensé par la très belle vue sur le village de Conques. Le frère Jean Daniel nous avait prévenu hier soir que la clochette "conquetelle" de la chapelle Sainte Foy ne sonnait plus. Il n'est donc plus possible, comme le veut la tradition, de faire un au revoir à Conques. Lorsqu'elle sonnait, l'abbatiale répondait à cet "au revoir" en faisant, à son tour, sonner les cloches . Ce ne sera pas la cas aujourd'hui pour moi et en guise d'au revoir, j'admirerai le paysage. 



L'étape d'aujourd'hui est longue de vingt kilomètres. Il est évident que je ne dois pas trop me dépêcher, j'arriverai bien avant ce soir au gîte Sentinelle à Saint Roch. 



 J'ai beau prendre mon temps, au fil des kilomètres, ma tendinite se manifeste de plus en plus fort. Je ralentis le pas mais rien n'y fait, elle est toujours présente. Je commence à comprendre que je n'irai hélas pas jusqu'au bout de mes espérances. Compostelle ne sera pas pour moi cette année. Qu'à cela ne tienne, j'aurai ainsi l'occasion de revenir poursuivre cette formidable aventure.





En attendant cet arrêt bête et brutal (dixit Brel), je compte bien tenir encore deux ou trois jours et après je rentrerai chez Christian à Angers où Pascale doit arriver en fin de mois.

J'arrive dans le petit bourg de Prayssac où je suis accueilli dans une grange pour boire une soupe, manger du fromage de chèvre qui a été emballé dans une feuille de marronnier et trempé tout l'hiver dans la niole (un délice).



Ce petit coin de paradis se nomme l'Accueil Pèlerin Lou Camin de Miejora. Il tombe à pic pour moi car j'étais vraiment mal. Pendant mon repos, arrivent encore un couple de français ainsi qu'un couple de japonais. Après un bon 45 minutes, je pense avoir accumulé assez de force pour reprendre mon chemin et terminer ma journée à Saint Roch.


 Il ne reste que dix kilomètres, mais ils seront difficiles. Après plus ou moins 4 bornes, je me fais rattraper par Jef. Il voit directement que cela ne va pas et se met à mon rythme afin de finir l'étape avec moi.



 La longue descente jusqu'à Decazeville sera très compliquée. A chaque appui sur mon pied gauche, cela me donne l'effet d'un coup d’aiguille dans la cheville et je n'arrive même plus à rester avec Jef. Lorsque j'arrive à mon tour à Decazeville, Jef m'attend devant un café : pour lui une bière et pour moi une boisson noire américaine.
Cela me fait du bien, mais il me faut maintenant encore faire les trois derniers kilomètres pour aller à Saint Roch. Par manque de chance, ils sont exclusivement en montée plus que raide. Il faut trouver une autre solution que la marche ! 
Jef demande quand un bus pour Saint Roch passe par ici. Le patron du café ne sait pas trop bien et les autres clients non plus. C'est dire qu'il y en a souvent !!! Je dois avoir une sale tête car un client me propose alors d'aller me conduire jusque-là avec sa voiture. Dans des moments comme ceux-là, cela ne se refuse pas !! C'est confortablement assis que je finirai cette étape. Jef lui préférera bien évidemment continuer seul la belle montée.

Arrivé à Saint Roch, je suis accueilli par Brigitte et je dépose directement mes affaires en attendant sur la terrasse du gîte l'arrivée de Jef. C'est là que je constaterai que j'ai oublié mon bâton de pèlerin au café. Tant pis, je ne redescendrai pas le rechercher. Quand à Jef, contrairement à moi, lui a encore une pêche d'enfer et il ne faudra pas longtemps pour que je le voie arriver.

Le Gîte Sentinelle s’avérera être une adresse aussi exceptionnelle que celle de chez Michel au Soulié. Il n'y a rien à dire de plus que de proposer aux futurs pèlerins de passer par là pour passer un moment très chaleureux.

Arriverons encore en cette fin d'après-midi, Madeleine et les deux canadiennes que j'avais déjà vues les derniers jours et que je reverrai à Figeac,  à Rocamadour et dans la vallée du Célé.
Vous l'aurez compris, je ne suis pas encore sur le chemin du retour.

Neuvième étape : Le Soulié - Conques

Le 16/05

Etape importante sur ce GR 65 : ce soir, j'arriverai au village médiéval de Conques avec son abbatiale qui est un monument majeur du patrimoine architectural médiéval, son abbaye de sainte Foy et le vieux pont qui enjambe la rivière du Dourdou.

J'ai évidemment hâte d'y arriver, mais il me faut encore faire les quinze kilomètres qui séparent le hameau Le Soulié avec Conques. 
Avant de quitter l'accueil du Soulié, Michel m'a bien recommandé de ne pas forcer le rythme de la marche car même si ce matin, les douleurs dans ma jambe gauche sont moins présentes, elles vont probablement se réveiller au fil des kilomètres. Je suis donc prévenu, si je veux aller le plus loin possible, il me faudra impérativement lever le pied sans vouloir suivre le rythme des autres pèlerins. Me voilà bien prévenu, surtout que la météo n'est franchement pas meilleure qu'hier.



La région, comme celle des jours précédents, est très belle et depuis mon départ du Puy, je ressens toujours ce même plaisir de parcourir ce pays. Cela fait maintenant plus de 200 kilomètres que je marche et je n'ai jamais ressenti la moindre lassitude. Alors je continue encore et toujours avec le ferme intention d'arriver à Santiago. En d'autres mots, je ne veux surtout pas entendre parler d’abandon. Ultreïa !

C'est en compagnie de Greg que j'arrive au hameau de Saint Marcel sur le plateau dominant Conques. Nous sommes émerveillés par la beauté dans laquelle se trouve Conques. Petite pause pour contempler ce spectacle et nous entamons la magnifique descente jusqu'aux portes du village. Nous rentrons dans la cité médiévale par la rue principale, celle qui débouche directement sur la cathédrale.




Afin d'être plus léger dans nos mouvements et en attendant que Paul et Jane arrivent, Greg et moi allons directement poser nos sacs dans l'abbaye Après, il sera temps de visiter ces lieux chargés d'histoire.
Le bourg médiéval de Conques est construit autour de l’abbaye de Sainte-Foy. Dès les premiers pas effectués, on se rend compte que le patrimoine architectural est très riche. Depuis le vieux pont sur la Dourdou, la chapelle Saint-Roch, les remparts et les portes fortifiées de la ville ou encore les ruelles escarpées et leurs maisons, tout invite le visiteur à voyager dans le temps. En tout cas, Conques est pour moi la plus belle étape depuis le Puy.



Puisque nous sommes juste à côté de l'abbatiale, il est tout naturel que c'est par cet édifice que nous commençons nos visites. C'est d'ailleurs elle, par sa structure imposante, qui attire le plus l'attention des visiteurs. 

Son tympan du Jugement dernier est monumental. Il a été réalisé au début du XIIème siècle.



A l'archivolte du tympan sont sculptés quatorze “anges curieux”. Ceux-ci ne sont pas spécialement indiscrets mais comme au théâtre, ils lèvent le voile et regardent avec curiosité l'annonce du Jugement.


 .............. mon passé enfumé me fait craindre ce jugement et je rentre donc illico presto  dans la cathédrale.


Avec son architecture très dépouillée, l'abbatiale me semble immense sous mes pas.




Après cette visite, je pars seul déambuler dans les ruelles médiévales.







Le vieux pont et la Dourdou river.


Le soir après le repas, les pèlerins seront conviés par le frère Jean Daniel à se retrouver devant le tympan de l'église abbatiale pour se faire expliquer d'une manière très personnelle le tympan qui abrite quelques cent vingt-quatre personnages.
Comme je n'ai pas le talent du frère Jean Daniel pour vous narrer l'histoire de ce tympan, je ne sautais que vous encourager à aller visiter, si ce n'est pas encore fait, ce bourg magnifique qui ne vous laissera pas de marbre.

Demain, si ma jambe le veut bien, je reprendrai le chemin vers Compostelle ....... Ultreïa !